Conseil municipal agité ce lundi soir à Rennes. Le burkini autorisé dans les piscines rennaises est-il un vêtement comme un autre ? Les groupes politiques se sont affrontés, chacun brandissant la laïcité.
Le burkini, un vêtement comme un autre ? Telle est la question longuement débattue en conseil municipal, à Rennes, lundi 8 octobre au soir.
Pourquoi avoir assoupli le règlement des piscines ?
Jusqu’à il y a quelques mois, seuls étaient autorisés les maillots de bain pour les hommes et maillots une pièce pour les femmes dans les piscines municipales rennaises. En juin, le conseil municipal a assoupli le règlement… avec un vote à l’unanimité, pour autoriser les shorts de bain. Et le burkini ? Telle est la question qui a été longuement débattue en conseil municipal, lundi soir. Gurval Guiguen, conseiller municipal d’opposition Les Républicains (LR), est lui, catégorique. Lorsque son groupe politique a voté le nouveau règlement, « il n’était pas question d’inclure ce maillot confessionnel ».
Preuve que le débat dépasse le clivage gauche - droite, Honoré Puil, président du groupe Parti radical de gauche et membre de la majorité municipale, l’appuie et interpelle la maire, Nathalie Appéré : « Nous vous avons fait confiance, comme en témoigne le vote unanime de notre conseil. Nous pensions être à l’abri de toute tentative de contournement. » Mais une nageuse avec un burkini a bien été vue à la piscine des Gayeulles, fin septembre.
Le burkini est-il plus qu’un simple maillot de bain ?
Pour Gurval Guiguen, le burkini masque « l’intolérance religieuse ». Et l’autoriser contrefait au principe de laïcité : « S’il est vrai que la laîcité n’a pas vocation à jouer le rôle de police de l’habillement, c’est bien en son nom que la République française a fait le choix d’interdire le voile à l’école. Que dira-t-on à nos jeunes écolières qui se rendront demain à la piscine ? Qu’un foulard sur les cheveux est interdit en classe mais qu’une combinaison confessionnelle intégrale est autorisée dans les bassins ? » Il demande l’interdiction de « cette tenue, qui représente l’étendard d’un islam très rétrograde, incompatible avec nos valeurs, notre mode de vie, nos traditions » . Il est longuement applaudi par une partie du public et ses collègues.
Le burkini est-il neutre ?
Pour Honoré Puil, « le burkini est tout sauf un élément neutre. Il s’inscrit dans la longue liste des tentatives auxquelles la République a dû faire face ces dernières années : le foulard à l’école, le voile, les lignes d’eau séparées dans les piscines, le refus qu’une femme puisse être examinée par un médecin homme. Au nom de la tolérance, nous ne devons pas accepter tout et n’importe quoi. Non, le burkini n’est pas un vêtement comme un autre qui devrait être accepté au nom de la liberté individuelle, que ces personnes entendent en vérité combattre. » Pour lui, il faut « lever les ambiguïtés et préciser le règlement des piscines ». Il est applaudi par la droite.
La loi l’interdit-il ?
Non, « la loi n’interdit pas à des citoyennes d’afficher dans les lieux publics des signes – même ostentatoires - de religion, rappelle les élus écologistes, favorables, eux, à l’usage du burkini. D’autre part l’enceinte d’une piscine publique n’est pas concernée par la loi du 14 mars 2004 qui impose la neutralité vestimentaire dans les écoles, collèges et lycées » , souligne Catherine Phalippou.
Manifeste-t-il une radicalisation ?
Impossible de dire ça pour Catherine Phalippou : « Une femme en burkini veut se baigner. Les interprétations sur son endoctrinement, sa soumission, restent des projections sur un choix vestimentaire qui ne muselle pas sa parole, contrairement à ce que fait le choix vestimentaire de la burqa que nous récusons sans ambiguïté. Et quand bien même la femme en burkini serait en danger d’endoctrinement ? Qu’elle puisse sortir de chez elle pour se baigner, voir du monde, discuter avec d’autres personnes qu’un cercle fermé, à des heures publiques, n’est-il pas le seul antidote efficace au mal ? » Sur les bancs de la droite, des huées se font entendre.
Les seules règles, l’hygiène et la sécurité ?
Pour la maire socialiste de Rennes, Nathalie Appéré, ce débat sur le burkini est un faux débat : « Les maîtres-nageurs ont des consignes parfaitement claires : les seules règles qui prévalent en matière de bain sont l’hygiène et la sécurité. Le règlement de nos piscines impose aux nageurs l’utilisation d’une tenue de bain exclusivement réservée à cet effet et qui n’a pas été portée avant d’entrer dans le bassin. » Pour le reste, « aucun règlement ne peut se baser sur la laïcité pour interdire tel ou tel vêtement. » Et d’insister : « La loi de 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État ne prévoit pas de police du vêtement. La laïcité impose la neutralité la plus stricte aux services publics et à ses agents, jamais aux usagers. C’est l’État qui est laïque, pas le citoyen. »
A-t-il déjà été interdit ailleurs ?
Des arrêtés d’interdiction ont été pris à plusieurs reprises par des mairies. « Ils ont été systématiquement annulés par la justice », rappelle Nathalie Appéré. Pas de quoi convaincre le centriste Loïck Le Brun : « A Nantes, vos amis politiques ont été très clairs, eux : interdiction du burkini. Vous vous cachez derrière un argument technique. Le dossier n’est pas clos. »
Ouest france.
Le burkini, un vêtement comme un autre ? Telle est la question longuement débattue en conseil municipal, à Rennes, lundi 8 octobre au soir.
Pourquoi avoir assoupli le règlement des piscines ?
Jusqu’à il y a quelques mois, seuls étaient autorisés les maillots de bain pour les hommes et maillots une pièce pour les femmes dans les piscines municipales rennaises. En juin, le conseil municipal a assoupli le règlement… avec un vote à l’unanimité, pour autoriser les shorts de bain. Et le burkini ? Telle est la question qui a été longuement débattue en conseil municipal, lundi soir. Gurval Guiguen, conseiller municipal d’opposition Les Républicains (LR), est lui, catégorique. Lorsque son groupe politique a voté le nouveau règlement, « il n’était pas question d’inclure ce maillot confessionnel ».
Preuve que le débat dépasse le clivage gauche - droite, Honoré Puil, président du groupe Parti radical de gauche et membre de la majorité municipale, l’appuie et interpelle la maire, Nathalie Appéré : « Nous vous avons fait confiance, comme en témoigne le vote unanime de notre conseil. Nous pensions être à l’abri de toute tentative de contournement. » Mais une nageuse avec un burkini a bien été vue à la piscine des Gayeulles, fin septembre.
Le burkini est-il plus qu’un simple maillot de bain ?
Pour Gurval Guiguen, le burkini masque « l’intolérance religieuse ». Et l’autoriser contrefait au principe de laïcité : « S’il est vrai que la laîcité n’a pas vocation à jouer le rôle de police de l’habillement, c’est bien en son nom que la République française a fait le choix d’interdire le voile à l’école. Que dira-t-on à nos jeunes écolières qui se rendront demain à la piscine ? Qu’un foulard sur les cheveux est interdit en classe mais qu’une combinaison confessionnelle intégrale est autorisée dans les bassins ? » Il demande l’interdiction de « cette tenue, qui représente l’étendard d’un islam très rétrograde, incompatible avec nos valeurs, notre mode de vie, nos traditions » . Il est longuement applaudi par une partie du public et ses collègues.
Le burkini est-il neutre ?
Pour Honoré Puil, « le burkini est tout sauf un élément neutre. Il s’inscrit dans la longue liste des tentatives auxquelles la République a dû faire face ces dernières années : le foulard à l’école, le voile, les lignes d’eau séparées dans les piscines, le refus qu’une femme puisse être examinée par un médecin homme. Au nom de la tolérance, nous ne devons pas accepter tout et n’importe quoi. Non, le burkini n’est pas un vêtement comme un autre qui devrait être accepté au nom de la liberté individuelle, que ces personnes entendent en vérité combattre. » Pour lui, il faut « lever les ambiguïtés et préciser le règlement des piscines ». Il est applaudi par la droite.
La loi l’interdit-il ?
Non, « la loi n’interdit pas à des citoyennes d’afficher dans les lieux publics des signes – même ostentatoires - de religion, rappelle les élus écologistes, favorables, eux, à l’usage du burkini. D’autre part l’enceinte d’une piscine publique n’est pas concernée par la loi du 14 mars 2004 qui impose la neutralité vestimentaire dans les écoles, collèges et lycées » , souligne Catherine Phalippou.
Manifeste-t-il une radicalisation ?
Impossible de dire ça pour Catherine Phalippou : « Une femme en burkini veut se baigner. Les interprétations sur son endoctrinement, sa soumission, restent des projections sur un choix vestimentaire qui ne muselle pas sa parole, contrairement à ce que fait le choix vestimentaire de la burqa que nous récusons sans ambiguïté. Et quand bien même la femme en burkini serait en danger d’endoctrinement ? Qu’elle puisse sortir de chez elle pour se baigner, voir du monde, discuter avec d’autres personnes qu’un cercle fermé, à des heures publiques, n’est-il pas le seul antidote efficace au mal ? » Sur les bancs de la droite, des huées se font entendre.
Les seules règles, l’hygiène et la sécurité ?
Pour la maire socialiste de Rennes, Nathalie Appéré, ce débat sur le burkini est un faux débat : « Les maîtres-nageurs ont des consignes parfaitement claires : les seules règles qui prévalent en matière de bain sont l’hygiène et la sécurité. Le règlement de nos piscines impose aux nageurs l’utilisation d’une tenue de bain exclusivement réservée à cet effet et qui n’a pas été portée avant d’entrer dans le bassin. » Pour le reste, « aucun règlement ne peut se baser sur la laïcité pour interdire tel ou tel vêtement. » Et d’insister : « La loi de 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État ne prévoit pas de police du vêtement. La laïcité impose la neutralité la plus stricte aux services publics et à ses agents, jamais aux usagers. C’est l’État qui est laïque, pas le citoyen. »
A-t-il déjà été interdit ailleurs ?
Des arrêtés d’interdiction ont été pris à plusieurs reprises par des mairies. « Ils ont été systématiquement annulés par la justice », rappelle Nathalie Appéré. Pas de quoi convaincre le centriste Loïck Le Brun : « A Nantes, vos amis politiques ont été très clairs, eux : interdiction du burkini. Vous vous cachez derrière un argument technique. Le dossier n’est pas clos. »
Ouest france.
Commentaire